++Dardanie, Palais Impérial, VIe sous-sol, Archives. Salle n°XIV, alcôve XXXVIII.++
++Le contenu de cette relique informatisée est l'histoire de notre Glorieux Empire, tel que l'écrivit Archidius, Grand Historien de l'Ordre des Sages de l'Académie des Sciences et de la Connaissance de la Très Sainte Dardanie, Ier Archi-Archiviste, en l'an XXXIV de notre Empire. ++
++ Avant d'aller plus en avant dans ces lignes, je tiens à prévenir le lecteur. Que ceux qui pensent que notre empire n'a toujours été que poètes, commerçants et autres hommes de paix, qu'ils cessent dès maintenant leur lecture. Que ceux qui pensent qu'il n'a été que bouchers, marchands d'esclaves ou hommes de guerre, refermez dès maintenant cet ouvrage. A tous ceux-là, et à tous les autres, incapables de voir la vérité d'eux même, que l'ignorance couvre vos pas, que votre arrogance vous aveugle et ne vous précipite dans le gouffre de vos fadaises. Ce que je vais relater ici n'est que la stricte vérité, et non pas les propos affabulateurs d'un quelconque marchand de ragots, ou pire, d'un poète. Ce qui suit est la vérité, et je le sais, car j'étais présent, lorsque tout à commencé.
Feu L'Empereur n'était à l'époque qu'un jeune homme, comme la race humaine a pu en produire des milliards et des milliards au cours des générations. Dios -c'était son véritable nom- était à la tête d'une petite flottille marchande, qui, au summum de la technologie de cette époque, pouvais aisément franchir la stratosphère, et faire un aller-retours vers la lune sans tomber à cours d'énergie. Cet homme n'avait rien à voir avec l'Empereur qu'il devint. Avenant et souriant, il tenais plus du poète et de l'homme de lettres que du marchand cruel et brutal pour lequel il se faisait passer. Beaucoup de récits parlent de ses vaisseaux marchands, armés jusqu'aux dents, et de ses cales remplies d'armes de toutes sortes, et la vérité n'est cependant pas loin. Il possédait en effet toutes ses armes, mais répugnais à en porter tant qu'il le pouvait, et punissait sévèrement quiconque en arborait une au sein d'un de ses navires. Cette caractéristique de l'homme, bien que méconnue de la plupart de ses adversaires, faisais de Dios un homme très apprécié de son équipage.
Je vous vois d'ici, lecteurs, m'injurier de tous les noms, disant que je ne parle pas de l'Empereur qu'ils ont connus, et ne voyant tout simplement pas où je veux en venir. Ne perdez pas patience, mon jeune ami, et continuez plutôt votre lecture.
Dios, que beaucoup appelaient le Prince de Dardanie, en raison du pouvoir marchand et politique qu'il possédait en cette partie du monde, était un marchant extrêmement respecté, au point qu'un des Hauts Conseillers de la ville luno-portuaire de Thèbes Sous Plakos, lui offrit la main de sa fille.
Jeune et imprudent, Dios accepta, mais refusa la condition du père, qui étais que le jeune homme ne voie pas sa promise avant leur mariage. C'est ainsi que les deux jeunes gens se rencontrèrent clandestinement, et qu'à la manière des plus vieux romans à l'eau de rose, tombèrent amoureux l'un de l'autre.
Cependant, la jeune femme étant beaucoup plus rationnel que Dios, elle fut la première à comprendre l'impossibilité pour eux de se revoir avant le jour du mariage. Aussi envoya-t-elle son plus fidèle serviteur suivre le jeune marchand, sous un prétexte fallacieux, qui sut cependant satisfaire les exigences de son père. Comme les plus perspicaces s'en douteront, je fut ce serviteur.
Durant plusieurs mois, je fus l'ombre du jeune Dios, le suivant dans le moindre de ses déplacements, étant présent à la moindre de ses entrevues. Il étais divin! Sa façon de parler, de bouger, son aura tout entière émanait la confiance en soi, et une implacable volonté. Le même mouvement semblait signifier de la sympathie, ou une prophétie de mort selon les intentions que l'on avais à son égard. Je l'ai vu faire trembler de peur des colosses d'un simple regard, et désamorcer en quelques secondes des situations où le carnage semblait être la dernière solution envisageable. Cet homme étais à l'image de la lune qu'il contemplais si souvent: d'une pâle beauté, lointain, imperturbable, et à l'air indestructible. Le temps allait montrer que sa force était également sa faiblesse...
Six mois plus tard, Dios reçu officiellement l'annonce de son mariage prochain, et une invitation à se rendre à Thèbes Sous Plakos. C'est ainsi qu'à bord de son plus grand vaisseau, et accompagné de toute sa flotte, que le jeune homme se rendit sur la lune. Par les anciens dieux, qu'il était beau! Ses longs cheveux noirs peignés et attachés, son hiruste barbe qu'il laissait pousser depuis des mois rasée, il portant un pantalon en cuir sanglé rouge, des bottes montantes de la même couleur, et un grand manteau en cuir rouge, brodé d'or. A sa ceinture pendaient deux vieux pistolets, et le manche d'une psycharme -oh!, vous, jeunes gens, n'avez pas connus ces armes, permettant de modeler l'arme blanche de son choix par la simple force de l'esprit, et d'une once de sang- qui était pour lui autant source de fierté -car peu d'hommes étaient en mesure d'en modeler une- et de honte.
C'est ainsi vêtu en Roi plus qu'en Prince que le jeune Dios se rendit vers celle qu'il aimait, et son destin. Ce que racontent les poètes sur les heures qui suivirent est hélas bien en-dessous de la réalité. Alors qu'il s'approchait du satellite, une ombre immense recouvrit tout ce qui étais auparavant visible, et une lumière aveuglante occulta tout de nos champs de visions. Lorsque la catastrophique lumière ce fut calmée, ce que nous aperçûmes nous laissa sans voix: là où se tenait notre lune, ne restaient que des débris spatiaux. C'est alors que nos regards se tournèrent vers la source de lumière: une lune mécanique, deux fois plus grosses que celle qui venais d'être détruite. De cette ruche apocalyptique jaillirent des milliers de vaisseaux, des centaines de fois plus gros que ceux que nous avions, et fondirent vers notre planète. Impuissants, nous vîmes tout ce que nous aimions être réduit à feu et à sang par des êtres dont nous n'avions même pas la connaissance quelques instants plus tôt.
[Et c'est tout pour l'instant, la suite au prochain épisode]
Sujet: Mamienne histoire (quel titre!!) 
Ven 27 Nov - 23:20
